Au début du 20ème siècle

A la fin du 19ème siècle, notre commune située au centre du plateau lorrain, au pays des étangs, à la source de la Nied Française, était à vocation purement agricole.
Chaque famille assurait un revenu d'appoint en élevant une ou deux vaches pour bénéficier des produits laitiers, et quelques cochons.
Une dizaine d'exploitations de moyenne ou de grande importance se partageaient la majorité des terres cultivables.
Vers 1930, les bidons de lait ramassés tous les soirs dans le village par M. Forêt Paul,, étaient conduits au Moulin-Haut où ils étaient réfrigérés dans les auges continuellement alimentées en eau fraîche de la Nied. Le lendemain matin, ils étaient acheminés en voiture tirée par deux chevaux à la coopérative de Bénestroff. Un peu plus tard, ce transfert s'est effectué en camionnette.

 

 

A cette époque divers artisans travaillaient dans leur atelier, à savoir :

 

a. Le tailleur de pierres, M. Bille, a construit l'autel de la grotte et sculpté le livre en marbre de l'autel sur lequel était inscrit :

 

 

 

A DIEU                                                               PRIONS :

 

ET A SA SAINTE MERE                                         DE LA PESTE

LA PAROISSE DE MARTHILLE                                DE LA FAMINE
RECONNAISSANTE,                                            ET DE LA GUERRE

POUR AVOIR ETE EPARGNEE                                DELIVREZ-NOUS, SEIGNEUR
PENDANT LA BATAILLE                                      REINE DE LA PAIX
DU 20 AOUT 1914.                                           PRIEZ POUR NOUS.

 

 

******************************************

 

 

- Le tonnelier Dugourd entretenait les barriques et les cuves.

 

- Le charron Thiam construisait des chariots (voitures).

 

- Le cellier Cherèque réparait les harnachements.

 

- Deux maréchaux-ferrants Léon Jacquemin et Henri Jacquemin possédaient chacun leur boutique. Léon cerclait notamment les roues.

 

- Le coiffeur, M. Parisot, coupait les cheveux des enfants, notamment à la rentrée des classes.

 

- La repasseuse blanchisseuse, Mme Parisot s'occupait des vêtements d'église.

 

- Le tailleur d'habits, M. Thiébaut confectionnait entre autres des costumes.

 

 

- En 1873, M. Gachot François, meunier, était propriétaire du « Moulin de la Nied », ancien moulin à farine. Il l'a cédé en 1875 aux cinq frères Guerlach qui l'ont exploité peu de temps.
Le 16 août 1876, M. Guerlach François rachète à ses frères le moulin qui ne tournait plus, avec écluse et cours d'eau.

- Propriétaire du « Moulin de la Nied », M. Ackermann Joseph, père de M. Ackermann Laurent, fabriquait vers 1900 des rifleuses, machines à battre les céréales. Il réparait aussi les roues à aubes.

- Vers 1930, M. Ackermann Laurent, époux de Mme Ackermann Lucie, réalisait avec son père des batteuses sur roues. Ils ont également installé une scie multi lames capable de scier en un seul passage une grume en dix madriers. .

- Le garde champêtre Théophile Niquel assurait la surveillance du village. Il annonçait les événements du village au son de la caisse.

- Le gardien de cochons (le Hedi de P'hhé) Frèrejean avait aussi la charge de les tuer.
********************************************************

 

 

Deux cafés (Café Grosse et café Romignon) accueillaient essentiellement la gent masculine le soir, après une dure journée de labeur.
Le café Romignon faisait aussi office d'auberge, de bureau de tabac, de bureau de poste et d'épicerie.

Une seconde épicerie tenue par Mme Lapierre et située à côté de la cour de l'école, permettait elle aussi aux ménagères de faire leurs emplettes et faisait office de buraliste. (Permis de distiller)

M. Lapierre était menuisier ébéniste. Il a restauré les boiseries et les statuettes de la chapelle Saint Jean.

Durant de longues années, tous les villageois venaient acheter leur pain ainsi que la pâtisserie à la boulangerie Kessler, malheureusement fermée depuis 1979.

Les femmes du village lavaient leur linge soit au lavoir couvert en haut du village, soit à la fontaine principale.

De temps en temps, commis et agriculteurs baignaient les chevaux dans le gué situé au Moulin de la Nied.

Deux religieuses de Saint Jean de Bassel étaient hébergées à l'école de filles (près de la cours de l'école) et y assuraient l'éducation. Quant à l'enseignement des garçons (33 écoliers vers 1930), il était confié à un maître d'école qui dispensait ses cours dans un local à l'emplacement de la mairie actuelle.
Le cantonnier Paulin Joseph entretenait les chemins départementaux.
******************************************************************

 

Avant 1925, M. Didelot Arsène, postillon, transportait en calèche tirée par un cheval les voyageurs de Marthille à la gare ferroviaire de Brulange. Il était également préposé au transfert du courrier.

Nommé facteur vers 1930, il desservait Marthille, Villers sur Nied, Bréhain, Château-Bréhain et Chicourt.

A partir de 1930, deux fois par jour, M. Croissant Jean conduisait en car les voyageurs à la gare S.N.C.F. de Baudrecourt et y déposait le courrier.
Le courrier Marthille - Baudrecourt faisait la navette entre les deux localités et assurait ainsi aux voyageurs la correspondance avec les trains omnibus de la ligne Metz Sarrebourg à raison de 2 allers-retours journaliers, l'un, tôt le matin entre 6h et 8h30 et l'autre en fin d'après midi entre 16h30 et 19h. Il desservait les agences postales de Marthille, Lucy et Baudrecourt, en transportant les sacs postaux préparés par ces agences et ceux qui leur étaient destinés. Les sacs transitaient par le wagon postal de chaque train où étaient effectuées des opérations de tri.
Il a fonctionné de 1922 à 1939.
Le 24 août 1939 au matin, le conducteur fut mobilisé, son véhicule réquisitionné. Sa mission était de participer au transport des hommes rappelés sous les drapeaux, regroupés à Conthil et devant rejoindre Leyviller. Dix jours plus tard, la GUERRE était déclarée.

Photographie : La gare de Baudrecourt.

      Jean Croissant à l'arrière de son petit autocar, un véhicule RENAULT, exemplaire unique carrossé à Metz, datant de 1934 ou 1935.

 

********************************************************************
Après la moisson, le battage...Dans les petites exploitations, les batteuses étaient actionnées par des roues crantées entraînées par des chevaux dans les manèges jusque dans les années 1920-1930.
Vers 1923, la locomobile (machine à vapeur) faisait marcher la batteuse uniquement dans
les grandes exploitations agricoles ayant une importante récolte de céréales à battre.
Les villageois étaient affairés autour de la locomobile et de la batteuse installées près d'un point d'eau, soit au Sauvu, soit devant de la fontaine au centre du village.
En 1930, la traction animale et la locomobile ont laissé place au moteur électrique.


Durant de nombreuses décennies, Marthilloises et Marthillois menaient une existence saine mais laborieuse. Le village vivait en autosuffisance...De nombreux corps de métier étaient au service de la population.
A partir de 1939, date d'ouverture de la mine de Faulquemont, les paysans abandonnèrent peu à peu leur train de culture, les artisans fermèrent leur échoppe, les commerçants baissèrent le rideau pour tenter l'aventure sous d'autres cieux...Certains commis de culture et petits paysans travaillèrent aux charbonnages...

En 2008, il ne reste plus aucun commerce. Plus aucun artisan n'exerce dans le village. Le presbytère n'héberge plus le curé. Après avoir bénéficié d'un bain de jouvence, le voilà loué à des particuliers. L'église, au demeurant fort attrayante, n'accueille que trop rarement les fidèles lors des offices qui s'espacent de plus en plus par manque de prêtres....

Sources :
 Mme Ackermann Lucie.
 M. Didelot André.

Photos de Blaison Fabien
GEBER Marcel.